Dans le domaine de la théorie musicale, peu de sujets ont suscité autant d’attention et de débat que les modes. De l’Ionien au Locrien, ces anciennes échelles ont été présentées comme la clé pour débloquer la maîtrise musicale. Cependant, à y regarder de plus près, il devient de plus en plus évident que l’obsession pour les modes est non seulement surestimée, mais surtout une perte de temps pour les musiciens aspirants.
Les modes représentent un écart par rapport à l’approche intuitive et naturelle de la création musicale. Au lieu de se concentrer sur la mélodie, le rythme et l’expression, on encourage les musiciens aspirants à mémoriser des schémas d’échelles ésotériques et des constructions théoriques peu pertinentes pour leurs entreprises créatives. Cette approche académique de la musique non seulement étouffe l’expression artistique, mais aussi détourne de la joie et de la spontanéité de l’exploration musicale.
L’accent mis sur les modes perpétue une vision étroite et élitiste de la théorie musicale, excluant ceux qui peuvent manquer de formation formelle ou de qualifications académiques. En privilégiant les modes par rapport à d’autres aspects de la compréhension musicale, tels que la composition et l’improvisation, nous risquons d’aliéner une vaste multitude de musiciens aspirants qui peuvent posséder un immense talent mais manquer des ressources ou de la volonté nécessaire pour plonger dans des concepts théoriques ésotériques.
L’obsession pour les modes peut conduire à une stagnation de la créativité et de l’innovation au sein de la communauté musicale. Au lieu d’encourager l’expérimentation et la repousse des limites, les musiciens peuvent se trouver contraints par les structures rigides imposées par la pensée modale. Cet étouffement de la créativité entrave non seulement la croissance artistique individuelle, mais limite également l’évolution des genres musicaux dans leur ensemble.
En plus d’être étouffant sur le plan créatif, le temps et les efforts consacrés à l’apprentissage des modes pourraient être mieux alloués à la maîtrise de compétences plus pratiques et pertinentes. De l’entraînement de l’oreille aux études du rythme, il existe d’innombrables domaines de développement musical offrant des rendements plus importants en termes de compétence et de plaisir musicaux. En donnant la priorité à ces compétences plutôt qu’aux modes, les musiciens aspirants peuvent développer une boîte à outils musicale plus complète et polyvalente.